Un véhicule de la coalition emmenée par l’Arabie saoudite devant le bâtiment de la banque centrale à Aden, Yémen, le 17 août 2019. / NABIL HASAN / AFP

La tension est tombée d’un cran supplémentaire samedi 17 août à Aden dans le sud du Yémen avec le début du retrait des séparatistes de positions prises au gouvernement yéménite. Les combattants qui leur sont affiliés ont quitté certaines des positions prises aux forces gouvernementales sous la pression conjuguée de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, soucieux de ressouder leur alliance face aux rebelles houthistes.

Le siège du gouvernement, celui du Conseil suprême de la justice et celui de la banque centrale ainsi que l’hôpital d’Aden ont ainsi été évacués par les séparatistes, selon le ministre de l’information du gouvernement internationalement reconnu, Mouammar al-Iryani qui s’est exprimé sur Twitter. Les préparatifs sont en cours pour un retrait des séparatistes du siège du ministère de l’intérieur et de la raffinerie d’Aden, a ajouté M. Iryani.

L’alliance au Yémen entre l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis a été mise à mal par les combats la semaine passée entre les forces gouvernementales soutenues par Riyad et les séparatistes, soutenus par Abou Dhabi. Ces dernières, relevant du Conseil de transition du sud (STC), appelées « Cordon de sécurité », sont armées et encadrées par les Emirats. Elles avaient pris le dessus sur les troupes fidèles au président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par l’Arabie saoudite.

La coalition rappelle ses priorités

Les combats ont fait au moins 40 morts et 260 blessés en quatre jours et se sont soldés par une déroute des forces de M. Hadi, dont le gouvernement a crié au coup d’Etat. Les analystes ont vu dans ce combat fratricide la preuve de failles au sein de la coalition et de divergences entre ses principaux membres. Si, au Yémen, l’Arabie saoudite semble soucieuse de se protéger contre les rebelles houthistes, soutenus par l’Iran, les Emirats apparaissent avant tout vouloir étendre leur influence dans le Golfe d’Aden et au-delà, autour du détroit stratégique de Bab al-Mandeb.

Mais les deux partenaires ont tenu une rencontre au sommet lundi entre le roi Salmane et l’homme fort d’Abou Dhabi, le prince héritier d’Abou Dhabi, cheikh Mohammed Ben Zayed. Cette rencontre s’est soldée par des appels au calme et au dialogue. Les deux pays ont rappelé que l’objectif principal au Yémen était de contrer l’influence de l’Iran, qui s’exerce selon eux par le biais des houthistes. Ces rebelles tiennent la capitale Sanaa depuis 2014 et ont étendu leur influence à de larges portions du nord du pays.

Dans son communiqué de samedi annonçant l’amorce du retrait des séparatistes, la coalition a rappelé le même objectif, appelant à « unir les forces pour faire échouer le plan destructeur de l’Iran au Yémen » et à ne pas « donner l’occasion aux organisations terroristes de s’attaquer à l’Etat yéménite ». Cette annonce intervient en suite à l’arrivée à Aden, jeudi, d’une délégation militaire saoudo-émiratie, venue pour tenter de désamorcer la situation extrêmement tendue dans cette grande ville portuaire du sud du Yémen, siège provisoire du gouvernement.

Ressentiment au Sud contre le Nord

A Aden, des véhicules militaires saoudiens et émiratis ont été déployés pour protéger le siège du gouvernement, celui du Conseil suprême de la justice et la banque centrale mais les forces du STC continuaient de tenir des positions proches selon l’Agence France-Presse. Le palais présidentiel est également passé sous protection de forces saoudiennes. De nombreux autres bâtiments d’Aden, notamment des positions militaires, restent par ailleurs sous le contrôle des séparatistes.

En janvier 2018, des affrontements meurtriers avaient déjà opposé les forces séparatistes aux unités pro-Hadi. Ils avaient pris fin après une intervention concertée de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. Le Yémen du Sud était un Etat indépendant jusqu’à son union avec le nord en 1990. Dans le sud, existe toujours un fort ressentiment contre les Yéménites originaires du Nord, accusés d’avoir imposé par la force l’unification du pays.

Commentant la situation à Aden, le chef des rebelles, Abdelmalek al-Houthi a condamné dans un même mouvement le STC, le gouvernement du président Hadi et le parti islamiste al-Islah. « Toutes ces forces se sont alignées avec les agresseurs », a-t-i déclaré dans un discours diffusé samedi par la télévision Al-Massirah, contrôlée par les houthistes. Il a par ailleurs justifié l’attaque de drone samedi contre un gisement pétrolier dans l’est de l’Arabie évoquant « une riposte légitime face à l’agression saoudienne ».

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