La toiture de la cathédrale Notre-Dame de Paris, à Paris le 17 juillet 2019. / STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Le chantier gigantesque et complexe lancé après l’incendie qui a ravagé la toiture de Notre-Dame de Paris va reprendre lundi 19 août, après avoir été interrompu le 25 juillet en raison des risques de contamination au plomb. Les travaux qui restent à entreprendre sont nombreux.

  • Les risques de contamination ont-ils été évacués ?

Opération de décontamination au plomb à l’école Saint-Benoît, le 8 août. / MARTIN BUREAU / AFP

L’incendie a fait fondre plusieurs centaines de tonnes de plomb, toxique pour l’homme, en détruisant la flèche. Une partie s’est évaporée en particules dans l’atmosphère et dans les sols. Après des mesures rassurantes sur la qualité de l’air, le débat s’est porté sur la concentration de plomb sur les sols, autour de Notre-Dame et dans certaines écoles de la rive gauche. Les enfants sont en effet particulièrement vulnérables aux effets de ce métal dans l’organisme. Des associations ont à cet égard accusé les autorités d’avoir négligé, caché ou minimisé les risques. L’une d’elles, Robin des bois, a porté plainte contre X.

L’inspection du travail a fait interrompre de son côté le chantier le 25 juillet afin de renforcer la protection des ouvriers. Une décontamination des sols autour de la cathédrale et de plusieurs établissements scolaires a depuis lors été lancée. A partir de lundi, dans l’édifice, des dispositifs stricts incluant le passage par des douches et le port de tenues jetables seront mis en œuvre à l’intérieur du chantier, lui-même hermétiquement fermé.

A ce jour, près de 175 enfants ont été dépistés pour contrôler la présence de plomb dans leur sang. 146 d’entre eux se situent sous le seuil de vigilance, soit 25 à 50 microgrammes de plomb par litre de sang, 16 présentent des résultats situés à l’intérieur de cette fourchette, et deux dépassent le seuil de déclaration obligatoire de saturnisme sans pour autant faire l’objet de mesures médicales particulières autres qu’un suivi.

  • La sécurisation, ce qu’il reste à faire

Vue du toit de Notre-Dame le 17 juillet, trois mois après l’incendie. / STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

La phase de consolidation est loin d’être terminée. Reste en effet à placer des cintres sous les arcs-boutants, à installer des plafonds provisoires au-dessous et au-dessus de la voûte (pour pouvoir la contrôler et en dégager les gravats), à démonter l’échafaudage édifié autour de la flèche, soudé par le feu. Tous ces travaux doivent être réalisés en évitant les chutes de pierres ou tout déséquilibre qui abîmerait la structure.

Une fois seulement la sécurisation achevée, le diagnostic sur l’état du bâtiment pourra être dressé. Il s’agira de vérifier si les pierres sont sèches ou si elles doivent être remplacées. Les travaux de restauration proprement dits ne pourront toutefois pas débuter avant le premier semestre 2020.

  • Une reconstruction prévue en plusieurs étapes

Vue de l’intérieur de la cathédrale, le 17 juillet. / STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

La flèche, la toiture, la charpente et 15 % de la voûte sont à reconstruire totalement et de grands choix historiques devront être pris. Utilisera-t-on du bois de chêne pour la charpente ? Reconstruira-t-on à l’identique ? Les entreprises chargées du chantier seront choisies à l’issue de procédures de marchés publics et avec l’assentiment des architectes des monuments historiques. Des ouvriers et compagnons doivent être formés.

Pour l’éventuelle reconstruction de la flèche et l’aménagement du pourtour de la cathédrale, un concours international d’architectes déterminera si un geste architectural audacieux ou un choix traditionnel sera retenu. Toutes ces étapes prendront du temps. La reconstruction pourra alors s’engager. Cette phase ne sera pas forcément la plus longue, les technologies modernes offrant des moyens importants.

  • Accueillir les fidèles et les visiteurs

Des touristes devant Notre-Dame, le 15 août. / Francois Mori / AP

Le diocèse est attaché à ce que la cathédrale soit rendue au culte, une fois tous les dangers de sécurité écartés. La nef, qui a été épargnée, pourrait être assez rapidement rouverte pour des messes.

En attendant, une cathédrale éphémère, sous la forme d’une tente, devrait au moins être édifiée sur le parvis et une réplique de la Vierge du pilier y être exposée. Des projets plus ambitieux ont été évoqués. La structure temporaire pourrait contenir un espace de prière mais aussi une boutique de souvenirs, une librairie, et un lieu de halte pour les milliers de touristes qui continuent d’affluer chaque jour aux abords de l’édifice depuis l’incendie.

  • Les suites judiciaires

Le Canard Enchaîné, qui n’a jamais été démenti, a révélé un ensemble de dysfonctionnements le soir de l’incendie qui ont retardé d’une demi-heure l’appel aux pompiers. Le journal a également fait état de travaux d’électricité bâclés, de sous-effectifs, évoquant aussi une méfiance entre services publics et diocèse.

L’enquête, dans le cadre de laquelle ont été auditionnés une centaine de témoins, a écarté pour le moment une origine criminelle. Les enquêteurs estiment que le départ de feu pourrait être dû à un dysfonctionnement électrique ou à l’abandon d’une cigarette mal éteinte, alors qu’un chantier était en cours autour de la flèche.

Trois magistrats instructeurs, dans le cadre d’une information judiciaire, doivent poursuivre les investigations à la rentrée. Des mises en examen de responsables d’entreprises concernées ne sont pas exclues pour répondre de négligences.

Au cœur du chantier de Notre-Dame de Paris ravagée par l'incendie
Durée : 04:48