Les 138 salariés de WN, repreneur l’année dernière de l’usine Whirlpool d’Amiens, qui n’ont pas été repris par Ageco Agencement, ont reçu lundi 19 août en mains propres une convocation à un entretien préalable à un licenciement pour motif économique. WN a été placé le 3 juin en redressement judiciaire faute de débouchés commerciaux concrets.

Convoqués au sein de l’usine devant l’administrateur judiciaire (ou ses représentants) et la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), ils ont reçu en mains propres un courrier leur notifiant leur licenciement économique à venir.

Le 30 juillet, le tribunal de commerce a validé l’offre d’Ageco Agencement, qui s’est engagé à reprendre 44 salariés de WN, laissant alors 138 employés sur le carreau. Ageco Agencement (65 salariés, 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018) est déjà implantée sur le site depuis la fermeture de l’usine du fabricant américain de sèche-linge en mai 2018.

Le plan de cession « ne prévoit pas le maintien de votre poste et de votre emploi qui se trouvent en conséquence supprimés. Le jugement en date du 30 juillet 2019 a autorisé votre licenciement pour motif économique. Je suis donc contraint d’envisager votre licenciement pour motif économique », a écrit l’administrateur judiciaire, selon le courrier reçu par un salarié que l’AFP a pu consulter.

Procédure contre WN

En septembre 2017, alors que Whirlpool avait déjà fixé la fermeture prochaine de l’usine au 1er juin 2018, WN était apparu comme le sauveur, choisi par le géant américain de l’électroménager, propriétaire du site. Soulagés, les représentants syndicaux de Whirlpool avaient approuvé cette solution à l’unanimité. En octobre 2017, le président de la République, Emmanuel Macron, était venu apporter son soutien sans faille au projet. WN devait produire des casiers réfrigérés connectés et des chargeurs de batteries pour vélos et voitures.

L’Etat avait alors versé 2,5 millions d’euros de subventions et Whirlpool 7,4 millions d’euros. Mais l’entreprise se trouve aujourd’hui dans une impasse de trésorerie, faute de débouchés commerciaux concrets. « Peut-être que le plan était trop ambitieux mais un projet entrepreneurial qui échoue, ce sont des choses qui arrivent tous les jours et ce n’est pas un problème en soi, a déclaré mardi sur LCI la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie, Agnès Pannier-Runacher. Là où on a pu avoir une critique à formuler, c’est que le dirigeant qui a repris l’entreprise n’avait pas ajusté son train de vie à la situation de l’entreprise et notamment (…) qu’il n’arrivait pas à obtenir les commandes qu’il nous avait promises. »

Selon les résultats d’un audit rendu public jeudi par Bercy, environ 98,5 % des dépenses réalisées par WN étaient « directement liées à l’activité de l’entreprise », mais quelque 179 000 euros suscitent « des interrogations », en lien avec « des avantages en nature pour les dirigeants ». Pas de quoi convaincre l’avocat des salariés, qui conteste aux prud’hommes le motif économique des licenciements prononcés par Whirlpool il y a un an et a engagé une procédure en référé au tribunal de grande instance d’Amiens contre WN.