Algériennes et Algériens sont à l’honneur, jusqu’au 24 août, au 42e Festival de cinéma de Douarnenez (Finistère). Une occasion de débattre et de découvrir les talents présents et passés de ce pays en pleine mutation. La démission forcée, en avril, du président Abdelaziz Bouteflika, resté vingt ans au pouvoir, n’a pas suffi à satisfaire la volonté de changement des Algériens, qui continuent de manifester depuis six mois.

« Quand nous avons choisi le thème de l’Algérie, au printemps 2018, la situation du pays n’était pas ce qu’elle est aujourd’hui. Mais cela nous paraissait pertinent, car si les liens entre nos deux pays sont très forts, peu de Français connaissent l’Algérie contemporaine », explique à l’AFP Gabrielle Cadaze, chargée de communication de ce festival consacré aux peuples du monde, dont la 42e édition s’est ouverte samedi 17 août.

Plus de 24 films, des concerts, des expositions et des écoutes sonores sur le cœur du Maghreb sont proposés à Douarnenez pour tenter d’appréhender cette société « en lutte contre un mythe national mortifère », selon les organisateurs. Un « mythe » et un « trauma colonial » qui seront au cœur des débats rythmant le festival. Animés entre autres par l’historien algérien Daho Djerbal et la philosophe franco-algérienne Seloua Luste Boulbina, ces échanges sont, avec le choix des films et des invités, une des clés du succès du festival.

Une programmation résolument politique

Côté cinéma, le regard sans concession porté sur la société algérienne par les réalisateurs Malek Bensmaïl et Hassen Ferhani parsème une programmation résolument politique. Des toits aux abattoirs d’Alger, la vie de ce peuple en mouvement, exposée par leurs compatriotes, devrait aider les festivaliers à mieux saisir ce pays voisin.

Egalement très attendues, les projections de La Bataille d’Alger et de Fragments de rêves. Si le premier, tourné seulement trois ans après la fin de la guerre d’Algérie, a été censuré car jugé propagandiste par les autorités françaises jusqu’en 2004, le second l’est par le ministère algérien de la culture, qui a refusé de lui délivrer un visa d’exploitation. Réalisé en 2017 par la jeune Bahïa Bencheikh-El-Fegoun, ce documentaire retrace les mouvements de contestation qui ont secoué le pays entre 2011 et 2014.

Cette riche 42e édition a pourtant failli ne pas avoir lieu, après la fermeture d’un des deux cinémas de la ville et en raison de difficultés financières. Les organisateurs ont mené cet hiver une campagne de financement participatif qui a largement dépassé ses objectifs.