Le président Emmanuel Macron, le 17 août, lors de la cérémonie du 75e anniversaire du débarquement à Bormes-les-Mimosas (Var). / YANN COATSALIOU / AFP

Editorial du « Monde ». Une semaine plus tôt que les années précédentes – pour cause de réunion du G7 à Biarritz –, l’exécutif fait sa rentrée, lundi 19 août. Le conseil des ministres mettra, mercredi, un point final à trois semaines d’une trêve estivale plutôt calme pour le pouvoir, et au cours de laquelle Emmanuel Macron s’est fait volontairement discret, retranché derrière les murs du fort de Brégançon. Le chef de l’Etat, qui vient de commémorer les 75 ans du débarquement allié en Provence et reçoit lundi Vladimir Poutine à Brégançon, s’est tenu éloigné de l’actualité et a raréfié ses sorties, soignant sa posture présidentielle.

Sur le papier, cette rentrée politique se présente sous de meilleurs auspices qu’en 2018, où l’affaire Benalla, sous-estimée et mal gérée au sommet de l’Etat, avait fait des dégâts. Emmanuel Macron et Edouard Philippe avaient en outre enchaîné les déconvenues, essuyant les démissions de deux piliers du gouvernement, Nicolas Hulot et Gérard Collomb, avant d’affronter la première crise sociale d’ampleur du quinquennat avec les « gilets jaunes ».

Un an plus tard, cette crise est en grande partie surmontée. Les deux têtes de l’exécutif, dont la cote de popularité est légèrement remontée cet été, se voient également confortées par leurs résultats sur le front du chômage, qui a encore baissé au deuxième trimestre, avec un taux de 8,5 %, le plus faible depuis dix ans. Sur le plan politique, Emmanuel Macron a réussi son premier test électoral en obtenant un score honorable aux européennes, et consolidé sa position centrale sur l’échiquier.

Tensions et de frustrations

Pour autant, les fractures sociales et territoriales révélées par l’épisode des « gilets jaunes » sont loin d’être résorbées. La situation du pays, pétri de tensions et de frustrations accumulées, reste hautement inflammable. Enseignants (réforme du lycée), urgentistes (crise des urgences) ou encore agriculteurs (sécheresse, CETA…) ont fait part de leur mécontentement au cours des dernières semaines, parfois violemment. M. Macron l’a d’ailleurs reconnu : « Je ne crois pas du tout que ce qui, à un moment donné, a créé la colère sincère d’une partie de la population soit derrière nous. »

L’exécutif devra éviter la coagulation de ces mécontentements au moment où il s’apprête à lancer plusieurs chantiers très sensibles, dont la réforme des retraites et l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes seules et aux couples de femmes. Le gouvernement devra également convaincre de sa bonne foi en matière d’écologie. Il devra en outre boucler un budget périlleux en dégageant d’indispensables économies pour compenser les baisses d’impôts de l’automne.

La première année de M. Macron et M. Philippe avait été marquée par des réformes menées à la hussarde. Prenant le contre-pied de ses prédécesseurs, qui se méfiaient de l’exercice de contrition politique, le président a fait part ces derniers mois de ses regrets aux Français, reconnaissant des maladresses. Désireux d’en finir avec le procès en arrogance, le chef de l’Etat a promis que le « temps II » du quinquennat serait placé sous l’égide du dialogue, notamment avec les corps intermédiaires, et de l’écoute des Français, son leitmotiv depuis le grand débat.

A sept mois d’élections municipales autrement plus périlleuses que les européennes pour un jeune parti sans ancrage local ni élus, le président n’a guère d’autre choix que de tenter de tenir ces promesses.