Matteo Salvini, Giuseppe Conte et Luigi Di Maio lors d’une conférence de presse à Rome, en octobre 2018. / FILIPPO MONTEFORTE / AFP

L’alliance inédite entre le parti d’extrême droite, la Ligue et le mouvement antisystème M5S pourrait vivre sa dernière journée à la tête de l’Italie, mardi 20 août, alors que le président du conseil Giuseppe Conte doit prendre la parole devant le Sénat après plusieurs semaines d’une crise politique déclenchée par son vice-président du conseil et ministre de l’intérieur, Matteo Salvini.

Le chef de file de la Ligue affiche publiquement, depuis le début du mois d’août, de profonds désaccords avec Giuseppe Conte, notamment sur le chantier de la ligne de train Lyon-Turin et l’accueil de navires humanitaires dans les ports italiens, dans l’espoir de faire tomber la coalition au pouvoir depuis quatorze mois et organiser de nouvelles élections dès l’automne.

Matteo Salvini pensait pouvoir miser sur l’effet de surprise, sur le faible poids politique du M5S et de son représentant principal au gouvernement, Luigi di Maio, et sur des sondages le créditant de 36 à 38 % des intentions de vote – plus du double qu’au moment des dernières élections législatives, en 2018 – pour y parvenir.

En campagne permanente depuis le début de l’été, très présent sur les plages des côtes italiennes à la rencontre de vacanciers, l’homme fort du gouvernement a, cependant, sous-estimé la capacité de nouvelles alliances entre les forces en présence au Parlement italien. Dès le 8 août, M. Conte avait d’ailleurs rapidement recadré son vice-président du conseil, en l’appelant à « expliquer et justifier » au Parlement sa décision de mettre un terme brutal à une nouvelle expérience de gouvernement.

Matteo Renzi face à Matteo Salvini

Deux offres de coalition se sont depuis publiquement constituées face à l’offensive de Matteo Salvini. Une première est venue, à la surprise générale, de l’ancien chef de gouvernement Matteo Renzi, bête noire tout autant de M. Salvini que du M5S. M. Renzi a proposé une réconciliation et lancé l’idée d’un gouvernement « institutionnel », alliant sa formation, le Parti démocrate (PD, centre gauche) et le M5S. Au programme, l’élaboration du budget 2020 de façon à éviter une hausse de la TVA qui interviendra automatiquement en janvier 2020, si rien n’est fait pour combler un trou de 23 milliards d’euros dans les caisses publiques.

Une autre piste a été suggérée par l’ex-premier ministre et président de la Commission européenne Romano Prodi, qui propose un gouvernement proeuropéen baptisé « Ursula », du nom de la nouvelle présidente de la Commission, l’allemande Ursula von der Leyen. Dans son esprit, il s’agirait d’une alliance gauche-droite pouvant inclure Forza Italia de Silvio Berlusconi, à la manière des coalitions allemandes, pour que l’Italie redevienne « un membre actif de l’Union européenne ».

Sergio Mattarella à la tête des négociations

En prenant la parole devant les sénateurs à 15 heures, mardi, Giuseppe Conte aura le choix d’attendre le vote éventuel d’une motion de censure contre son gouvernement ou de démissionner directement et monter au palais présidentiel du Quirinal. Les négociations pour former un nouveau gouvernement débuteraient alors, menées par le président de la République italienne Sergio Mattarella – si elles échouent, de nouvelles élections législatives seraient organisées avant la fin de l’année.

Une possibilité qui n’est pas rejetée par nombre de parlementaires, dont le patron du PD, Nicola Zingaretti, qui a considéré lundi qu’« il vaudra mieux retourner aux urnes » si « les consultations [du président ne débouchent pas] sur un gouvernement fort et de renouvellement aussi dans son programme ».

Comment Matteo Salvini est devenu l’homme fort de l’Italie
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