Un champ pétrolier, à Midland, au Texas, en août 2018. / Nick Oxford / REUTERS

C’est une vaste zone de 220 000 km2, située à l’est du Texas et au Nouveau-Mexique : dans le bassin permien, se déroule, depuis quelques années, le plus spectaculaire essor de la turbulente histoire du pétrole. Depuis la généralisation des techniques de forage de schiste, la zone est devenue un véritable eldorado pour les producteurs. C’est grâce au permien que les Etats-Unis se sont retrouvés au rang de premier producteur mondial de pétrole, avec une production de plus de 12 millions de barils par jour, selon les derniers chiffres officiels américains.

La région produit désormais à elle seule plus de 4,2 millions de barils de pétrole chaque jour, soit presque autant que l’Irak. En deux ans, la production y a crû de 72 %. Avec l’un des taux de chômage les plus bas du pays, le bassin attire des chercheurs d’or noir venus de partout, tant le pétrole de schiste demande des bras. Le modèle est différent de celui du pétrole conventionnel : chaque nouveau puits produit beaucoup pendant une courte période, puis son rendement diminue. Autrement dit : pour produire beaucoup, il faut forer beaucoup.

Cette activité de forage intense à une incidence non négligeable sur l’environnement, notamment parce que cette technique de fracturation hydraulique peut provoquer une activité sismique fréquente.

Radioactifs plusieurs centaines de milliers d’années

Ces détails n’arrêtent visiblement pas l’autorité de régulation du nucléaire aux Etats-Unis (NRC), qui a confirmé s’intéresser à un projet d’entreposage de 210 000 tonnes de déchets nucléaires dans la même région – y compris certains des déchets les plus radioactifs.

Cette installation serait donc entourée de champs pétroliers et d’opération de fracturation hydraulique. Les pétroliers de la zone affirment d’ailleurs avoir pour projet de forer autour et sous le site prévu.

Le débat sur le stockage des déchets de « haute activité à vie longue » – qui peuvent rester radioactifs plusieurs centaines de milliers d’années – empoisonne la vie politique américaine depuis de nombreuses années. Pour l’instant, en l’absence de site dévolu, le combustible nucléaire usé est stocké directement sur les sites des centrales.

Ce nouveau site d’entreposage serait temporaire, pour une centaine d’années, en attendant une solution plus permanente – contrairement au site de stockage sous-terrain de Bure (Meuse), en France, qui a un caractère définitif. Les entreprises candidates à la gestion du site assurent qu’elles ont pris en compte le risque de séisme et l’impact que pourrait causer l’activité de forage pétrolier dans la région.

Des précautions qui ne rassurent pas les entreprises pétrolières de la région… qui partagent, pour une fois, les craintes des défenseurs de l’environnement.