Dijbrill Bassolé, alors ministre burkinabé des affaires étrangères, à Ouagadougou, le 4 octobre 2013. / AHMED OUOBA / AFP

Le général Djibrill Bassolé, un des cerveaux présumés du coup d’Etat manqué de septembre 2015 au Burkina Faso, s’est dit poursuivi pour des « raisons politiciennes » lors de sa dernière comparution, mardi 20 août, devant le tribunal militaire de Ouagadougou qui juge les protagonistes du putsch.

M. Bassolé, qui fut l’un des piliers du régime de l’ex-président Blaise Compaoré – chassé en octobre 2014 par une insurrection populaire après vingt-sept ans au pouvoir –, est jugé pour « trahison, complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures » lors du putsch qui avait fait quatorze morts et 270 blessés. Le 16 septembre 2015, des soldats du Régiment de sécurité présidentielle, l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré, avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après sa chute.

« Je suis poursuivi, incarcéré et renvoyé devant votre juridiction pour des raisons subjectives et politiciennes qui s’éloignent complètement du droit et qui le méprisent de manière ahurissante », a déclaré M. Bassolé d’une voix très faible, assis sur une chaise, face au tribunal. Agé de 62 ans, il n’assistait plus depuis quelques mois aux audiences du tribunal militaire pour des raisons de santé. Il avait demandé à ses avocats de porter au tribunal son mot de la fin, en raison de son état de santé, mais s’est vu ordonner de comparaître.

Un enregistrement téléphonique avec Guillaume Soro

« Les infractions qui me sont reprochées ne correspondent en rien à la réalité des faits et ne reposent sur aucun fondement ni en droit, ni dans les faits », a-t-il estimé. « Le traitement du dossier judiciaire, en ce qui me concerne, a été constamment téléguidé de l’extérieur de la justice dans l’arbitraire, la démesure et la disproportion », a-t-il dénoncé sans plus de précision.

Djibrill Bassolé est accusé sur la base d’un enregistrement téléphonique avec l’ancien président du Parlement ivoirien, Guillaume Soro, dont ses avocats ont remis en cause l’authenticité. Le parquet a requis la prison à vie contre lui.

Actuellement en liberté surveillée, M. Bassolé a demandé à être évacué vers la France pour y être soigné. La justice n’a pas fait connaître sa réponse. Il souffre d’un cancer, selon Herman Bado, un porte-parole de son parti politique, la Nouvelle Alliance du Faso. Il a déjà passé deux mois en Tunisie, de mars à avril, pour des soins.