Abdallah Hamdok, mercredi 21 août à Khartoum. / EBRAHIM HAMID / AFP

La cérémonie fut brève, mais chargée de symbole. Après avoir prêté serment, l’économiste Abdallah Hamdok a été investi, mercredi 21 août, premier ministre du Soudan. Le rôle de cet ancien collaborateur des Nations unies sera de mener un gouvernement de transition, dans ce pays dirigé durant trente ans par le général Omar Al-Bachir, renversé le 11 avril sous la pression de la rue.

Le général Abdel Fattah Al-Burhan, qui commande la junte au pouvoir à Khartoum depuis l’éviction du président Omar Hassan Ahmed Al-Bachir en avril, a lui aussi prêté serment mercredi à la tête du nouveau Conseil souverain de onze membres – six civils et cinq militaires – qui dirigera le pays pendant une période de transition de trois ans. L’homme dirigeait jusqu’ici le Conseil militaire de transition (CMT), qui a été dissous par la même occasion.

L’accord de transition prévoit également la formation d’une Assemblée législative de trois cents membres, ainsi que la mise en place d’un gouvernement de technocrates dont Abadalla Hamdok devrait annoncer la composition la semaine prochaine.

La contestation au Soudan, déclenchée le 19 décembre par la décision du gouvernement Bachir de tripler le prix du pain, s’est rapidement transformée en contestation inédite du président aujourd’hui déchu et emprisonné, et plus largement du système en place. Mais la révolution soudanaise ne s’est pas faite sans dommages : au moins 250 personnes ont été tuées en huit mois de mobilisation.

Chronologie de la crise soudanaise

2018

Les premières manifestations commencent, le 19 décembre, dans la ville d’Atbara, déclenchées par un triplement des prix du pain, et s’étendent à d’autres villes de province avant de gagner Khartoum.

2019

4 avril Une marée humaine s’installe devant le quartier général de l’armée. Une semaine plus tard, le président, Omar Al-Bachir, est renversé par un groupe de généraux, qui forment un Conseil militaire de transition.

3 juin Le sit-in des manifestants, devant le quartier général de l’armée, qui continuaient de réclamer « tout le pouvoir aux civils », est dispersé dans le sang : au moins 127 morts.

4 août A la suite de pressions internationales accrues après le massacre, les généraux sont amenés à faire des concessions, et un texte encadrant la transition, baptisé « déclaration constitutionnelle », est adopté, le 4 août, et devait être signé le 17.

1er septembre Les nouvelles institutions, tout juste créées, doivent se réunir pour le premier conseil des ministres.