Un immeuble incendié par les manifestants à Fakfak, en Papouasie occidentale, mercredi 21 août. / BEAWIHARTA / AP

Au troisième jour des manifestations qui ont dégénéré en affrontements violents, la situation dans la province indonésienne de Papouasie occidentale restait très tendue, mercredi 21 août. Djakarta a annoncé l’envoi de 1 200 policiers et militaires en renfort.

Les émeutes ont commencé lundi, à la suite de l’arrestation par la police durant le week-end de quarante-trois étudiants papous, dans la ville de Surabaya, la deuxième plus grande agglomération indonésienne, située dans l’île de Java. La police antiémeute a investi un dortoir pour déloger les étudiants, accusés d’avoir détruit un drapeau indonésien le jour de la Fête de l’indépendance de l’Indonésie. Les policiers les ont arrêtés et interrogés avant de les libérer.

Mais parallèlement s’est déroulée une manifestation contre la présence des étudiants papous, au cours de laquelle des propos racistes ont fusé. Ces injures ont, à leur tour, provoqué la colère en Papouasie occidentale, donnant lieu à des rassemblements quotidiens depuis.

Prison incendiée

Mercredi, un millier de personnes ont ainsi manifesté dans les rues de Timika. Un journaliste de l’Agence France-Presse a vu des protestataires jeter des pierres en direction des fenêtres de l’assemblée locale, et tenter de détruire la barrière y donnant accès. La foule n’a été dispersée dans cette ville qu’après des tirs de sommation de la police. Les médias indonésiens ont fait état de quarante-cinq arrestations, dont celles de personnes accusées d’avoir incité à manifester et provoqué des dégâts dans des bâtiments.

Des centaines de manifestants ont aussi défilé dans les rues de Sorong et de Fakfak, deux autres localités de cette province. La police a tiré des grenades lacrymogènes à Fakfak pour disperser des protestataires qui ont incendié un marché et détruit des distributeurs automatiques de billets et des magasins. La police a annoncé que 250 détenus s’étaient évadés d’une prison de Sorong, incendiée par les émeutiers.

Dans le chef-lieu de Manokwari, des manifestants avaient mis le feu lundi à des boutiques et au parlement local. Plusieurs policiers ont été blessés, selon les autorités, et des informations non confirmées ont fait état de manifestants blessés.

« Globalement sous contrôle »

Pour tenter d’apaiser la situation, le président indonésien, Joko Widodo, a promis une enquête sur les incidents survenus à Surabaya et devrait se rendre la semaine prochaine dans la province de Papouasie occidentale. Quelque 900 policiers et 300 militaires ont déjà été déployés à Manokwari et à Sorong, ont fait savoir mercredi les autorités. Le porte-parole de la police nationale, Muhammad Iqbal, a estimé que la situation restait « globalement sous contrôle », tout en précisant que les forces de l’ordre n’étaient pas équipées de balles réelles.

Aujourd’hui divisé en deux provinces, l’ouest de l’île de Nouvelle-Guinée, riche en ressources naturelles, est en proie à une rébellion indépendantiste sporadique contre le gouvernement indonésien. L’Indonésie a pris par la force le contrôle de ce territoire en 1963, l’année ayant suivi le départ des Néerlandais, qui en avaient fait une colonie, et l’a officiellement annexé en 1969. De nombreux Papous réclament toujours l’indépendance. La Papouasie-Nouvelle-Guinée, l’autre moitié de la grande île, l’a obtenue en 1975 après avoir appartenu à l’Australie.