A la suite de la publication d’un rapport du gendarme du ferroviaire sur l’état inquiétant d’une partie du réseau ferré française, la ministre des transports, Elisabeth Borne, a promis mercredi 21 août des « correctifs » aux problèmes de maintenance à la SNCF.

« On va tous être vigilants à ce que des correctifs soient apportés à court et moyen terme », a-t-elle assuré au sujet des problèmes relevés par l’Établissement public de sécurité ferroviaire (EPSF) et publiés mardi par Le Parisien. Selon le quotidien des problèmes de maintenance « persistent » à la SNCF. Le journal s’appuie sur un rapport partiel et confidentiel de l’EPSF, couvrant l’audit technique de 14 000 km du réseau SNCF (qui en compte près de 30 000 au total).

En effectuant eux-mêmes des contrôles le long des voies ferrées, les enquêteurs de l’EPSF ont trouvé des « dizaines d’anomalies », dont certaines pouvant affecter la sécurité, qui ne figuraient pas dans les rapports SNCF même lorsque la dernière tournée d’inspection remontait à une semaine, souligne le quotidien.

Le Parisien évoque ainsi des fils électriques rongés ou des éclisses (pièces métalliques reliant deux rails) avec des boulons desserrés ou manquants - un élément qui a joué un rôle essentiel dans le déraillement du train Intercités Paris-Limoges à Brétigny-sur-Orge (Essonne) qui avait fait sept morts et plus de 30 blessés en juillet 2014.

La CGT dénonce la diminution « des effectifs cheminots »

« L’EPSF est dans son rôle de signaler les insuffisances », a également déclaré Mme Borne. « S’il y avait un problème de sécurité immédiat, l’EPSF pourrait décider d’arrêter immédiatement un équipement et la circulation, et il ne l’a pas fait. » La ministre y voit les conséquences de « décennies de sous-investissement et de “tout-TGV” », et a rappelé que le gouvernement s’était engagé il y a un an à porter l’effort de modernisation des voies ferrées à 3,6 milliards d’euros par an, soit « 50 % de plus que ce qui se faisait au cours de la dernière décennie ».

Interrogée par l’AFP, la direction de la SNCF a estimé que « pour juger de l’état de la sécurité, il faut regarder le nombre d’“accidents de sécurité remarquables” signalés par l’EPSF, et qui a baissé de 30 % en trois ans ». Depuis Brétigny, « le contrôle et la sécurité ont été complètement remis à plat », a-t-elle ajouté.

Pour la CGT-Cheminots, « la responsabilité de l’Etat et de la direction de la SNCF est majeure ». La situation du réseau ferré résulte « des choix exercés par les gouvernements successifs et la direction », avec « la recherche effrénée » d’une « baisse des coûts et la casse de l’outil public qu’est la SNCF », accuse dans un communiqué le premier syndicat de la SNCF. Dénonçant un « recours massif à la sous-traitance » et la diminution « des effectifs cheminots », la CGT-Cheminots réclame « des moyens humains, matériels et financiers » pour « maintenir un haut niveau de sécurité sur les infrastructures ferroviaires ».