Le maire de Langouët Daniel Cueff, convoqué par le tribunal administratif de Rennes pour avoir pris un arrêté antipesticides, le 22 août 2019. / SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP

« Mme la préfète, laissez nos maires nous protéger », proclame la pancarte. Plusieurs centaines de personnes – représentants d’associations, de partis politiques et élus – se sont réunies jeudi 22 août dès le matin devant le tribunal administratif de Rennes en soutien au maire de Langouët (Ille-et-Vilaine), Daniel Cueff, convoqué pour avoir pris un arrêté interdisant l’usage de pesticides près des habitations.

L’élu, dont la commune compte 602 habitants, avait pris en mai dernier un arrêté interdisant l’utilisation de produits phytopharmaceutiques « à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d’habitation ou professionnel ». L’arrêté a été attaqué par la préfecture d’Ille-et-Vilaine.

A son procès, le maire a défendu son arrêté, arguant qu’il était destiné à « protéger » les habitants de sa commune de molécules jugées dangereuses pour la santé. Le représentant de l’Etat a de son côté fait valoir qu’il n’était pas dans les attributions d’un maire de prendre une telle mesure, l’autorisation ou non de l’usage de produits phytosanitaires étant l’apanage du ministre de l’agriculture.

« Nous avons développé plus de 300 pages d’argumentaire, a déclaré Daniel Cueff à sa sortie du tribunal. Nous allons continuer, la bagarre n’est pas finie. Je ne veux plus que dans ma commune soient faites des analyses d’urine dans lesquelles on trouve, chez des enfants de 6 ans, des taux de glyphosate trente fois supérieurs à la normale. » « Aujourd’hui, vingt maires en France ont pris le même arrêté », a-t-il aussi annoncé, alors qu’il était applaudi par la foule. La décision du tribunal a été mise en délibéré au début de la semaine prochaine.

Appel des coquelicots

Pour la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, qui a réagi mercredi sur RTL à cette procédure juridique, « le maire a raison sur un point, il faut mieux protéger les habitants quand on a des épandages de pesticides ». Pour autant, « chacun ne peut pas définir ses règles comme ça dans son coin. On a un travail qui est en cours et qui fera l’objet d’une concertation très prochainement sur la façon dont on protège mieux les riverains justement sur les épandages de pesticides », a t-elle précisé.

Parmi les quelque 600 personnes (selon la police) et plus d’un millier (selon les organisateurs) venues soutenir le maire, Valérie, 48 ans, habitante de Langouët, distribuait des affiches « DEP 150 – distance éloignement des pesticides ». « On est venus en bus pour soutenir tous les maires qui prennent ce genre d’initiative », explique-t-elle, en précisant qu’ils sont quinze maires à être recensés sur le site Nous voulons des coquelicots.

De nombreux soutiens étaient venus en réponse à l’« appel des coquelicots », lancé par l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, dont la rédaction était présente à Rennes jeudi matin. « STOP AUX PESTICIDES ! La rédaction de Charlie est à Rennes », annonçait l’hebdomadaire sur sa page Facebook jeudi, appelant les lecteurs à se mobiliser.

En quoi le glyphosate pose-t-il problème ?
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