« [La caméra] Kinect pour Xbox 360 a été pensée et conçue avec de fortes protections en matière de vie privée et la prochaine Kinect poursuit cet engagement. » La déclaration de Microsoft date de 2013, quelques jours après l’annonce de sa prochaine console, sa Xbox One. La fonctionnalité centrale de ce nouveau modèle, une commande vocale active en permanence pour la contrôler, accessible depuis la caméra Kinect ou la manette, inquiète. Pour rien, assure Microsoft. Cette version a tenu cinq ans.

Mercredi 21 août, le site américain Motherboard, section technologique de Vice, a publié une enquête révélant que des sous-traitants de Microsoft payés pour améliorer ses fonctionnalités d’analyse vocale ont eu accès à des conversations privées d’utilisateurs de la Xbox One, de 2014 à 2016. « L’audio était censé être capturé après une commande vocale comme “Xbox” ou “Hey Cortana” » – une assistante vocale implémentée en 2016, en remplacement de Kinect, peu populaire, détaille Vice. « Mais les sous-traitants nous ont dit que les enregistrements se déclenchaient parfois par erreur. » Selon eux, les voix enregistrées étaient souvent celles d’enfants.

Microsoft, cinquième Gafam épinglé

C’est la seconde fois en un mois que Microsoft est mis en cause. Début août, Motherboard révélait que les sous-traitants humains de la firme avaient eu accès à des enregistrements de conversations Skype et Cortana, parfois intimes, dans le cadre de l’amélioration de ses services de traduction. « Le simple fait que je puisse partager ces retranscriptions avec vous montre à quel point la protection des données des utilisateurs est laxiste », y souligne une des sources du site américain.

Microsoft n’a pas donné suite aux sollicitations du Monde. « Nous avons pris conscience, au vu des questions soulevées récemment, que nous aurions pu faire mieux pour préciser que des humains évaluent parfois ce contenu », s’est excusé un porte-parole auprès de Vice. Ses conditions d’utilisation ont été mises à jour pour rendre explicite la possibilité de telles écoutes.

La firme de Redmond n’est pas une exception : la plupart des grandes entreprises technologiques utilisent depuis des années des enregistrements audio pour améliorer leurs services, sans toutefois préciser clairement que ceux-ci pouvaient être écoutés par des humains. Depuis le printemps, Amazon, Apple, Facebook et Google ont été critiqués pour des raisons similaires. Fin juillet, une enquête du Guardian détaillait comment des conversations portant sur des questions de drogue, des problèmes médicaux ou des sons d’ébats amoureux avaient été captées par l’assistant vocal de la marque à la pomme, Siri, et transmises à des employés. Début août, Apple, Amazon et Google se sont engagés à temporairement suspendre ces pratiques ou donner à l’utilisateur les moyens de s’y opposer.